Diner courtois [ Alice ]

La nuit était tombé sur la forteresse Sadimus lorsque Asharon envoya un coursier convier Alice Meister à un petit diner qu'elle lui avait si... courtoisement accordé. Il avait revêtu une tenue qu'il ne revêtait qu'en de rares occasions, un long manteau d'hermine rouge et or à fourure tachetée recouvrant des vêtements de soie brodés blancs. Ses cheveux mi-courts étaient coiffés et sagement ramenés autour de son visage froid et songeur. Il se tenait debout face à une des fenêtres de la salle à manger, vide à l'heure qu'il était. Il avait dû user de son talent de persuasion pour que le cuisinier lui accorde de faire un repas spécial après que tous aient déguerpi. Tous bien remplis d'alcool et de viande, ils n'auront rien vu, et encore heureux, car les sacs de graisse composant la cour étaient de vrais gloutons.

Il regarda à nouveau la pièce. Deux couverts étaient posés à une petite table et une chandelle éclairaient légèrement les environs plongés dans l'obscurité. Il avait demandé à ce que les mets soient travaillés et goûtus, ils le seraient d'ailleurs, car il en allait de la vie du cuisinier. Le ciel étoilé s'offrait au regard des hommes ce soir-là, et Demetreius observa avec plaisir la grandeur des Cieux ( rappelons que la religion était un point FONDAMENTAL de la culture médiévale ). Il fit un signe de crois et embrassa son chapelet avant de se tourner vers le coursier qui arrivait.

" Mademoiselle Meister arrive, monseigneur. "

" Bien, va-t-en maintenant, larve ! "

Le gueu disparut et il relissa une dernière fois ses vêtements et s'éclaircit la voix en attendant qu'elle arrive.

Alice pénetra dans la pièce. Sa première expression fut celle de la surprise. Chandelles, obscurité…C’était ça, l’ambiance du dîner ? Qu’espérait Demetreius ? La jeune fille se demanda si, finalement, elle avait bien fait d’accepter. Le prévôt pouvait se faire de fausses idées à son sujet.
Trop tard pour reculer.
Alice portait une des rares robes qu’elle possédait. Elle n’en portait pas souvent, mais quand son travail consistait à séduire quelqu’un, c’était très utile.
Mais si elle la portait, ce n’était pas pour être belle. Une robe, c’est bien plus pratique pour cacher des armes. Alice portait une petite dague accrochée à la cuisse, au cas où…Elle ne faisait pas vraiment confiance au prévôt.
Sa robe était d’un bleu nuit, la même couleur que son œil droit. Elle descendait jusqu’à ses genoux et moulait parfaitement son corps. Ses formes n’étaient pas exubérantes, Alice était de nature très mince. Ses longs cheveux noirs étaient lâchés, comme d’habitude. Elle ne cherchait pas à être coquette, mais elle était naturellement jolie.
La jeune fille se sentait un peu nerveuse. Elle pensait que ça serait un simple dîner de courtoisie. Décidément, les hommes sont tous pareil. Mais Demetreius n’aura pas ce qu’il veut. Elle ne donnait pas son corps sans raisons. Et elle allait vite le lui faire comprendre.
L’assassin s’avança vers Demetreius. Son visage impassible n’exprimait rien. Elle le fixait droit dans les yeux. Alice avait beau n’avoir que 19 ans, elle acceptait très mal la soumission.

" Bonsoir… " dit-elle d’une neutre.

L’assassin jeta un rapide coup d’œil à la pièce.

" On dirait que vous vous apprêtiez à recevoir une comtesse. Vous n’étiez pas obligé d’en faire tant pour moi. "

Ton légèrement ironique. De toute façon, il pouvait tout tenter, ça sera vain…

Qu'espérait le prévôt... Bonne question en voyant l'ambiance. Disons qu'il avait rarement l'occasion de tomber sur une personne aussi respectable que cet assassin du nom d'Alice Meister. Pourquoi se demandait-elle si elle avait bien fait d'accepter? Se demander s'il se faisait de fausses idées sur elle? Certes non. Et la bienséance exigeait qu'elle continue. C'était une marque de noblesse plus grande encore. On ne recule pas devant la difficulté d'un engagement. D'ailleurs, bien qu'il n'y laissa pas paraître, le plus troublé devait être Demetreius lui-même. Troublé de la voir porter une robe de soirée. troublé qu'elle ne s'efface pas. Il avait un peu espéré qu'elle le fasse, maintenant lui non plus ne pouvait plus reculer. Il se détacha du cadre de la fenêtre et se dirigea sur le chemin de la demoiselle sans précipitation.

En la voyant entrer à la pale lumière des première chandelles, il ouvrit pourtant en grand les yeux. ( Rappelons que le dogme chrétien est une base chez TOUS les souverains médiévaux et après encore. ^^' ) Elle n'était pas maquillée. Sans fard ni atours, elle révélait la beauté pure et saine que Dieu lui avait offerte. Elle avait beau être des plus meurtriers de tous les sbires du royaume, elle en était aussi une des plus belles femmes. Pourquoi cette pointe de nervosité? Il y avait à toute chose une issue favorable. Même lorsque cela nécessitait un acte odieux, DIeu écoutait toujours les pécheurs se confesser. Elle lui dit bonsoir d'un ton neutre et jeta un coup d'oeil à la pièce en ironisant sur le fait qu'on aurait cru qu'il attendait une comtesse. Le prévôt rit légèrement.

" Une comtesse aurait eu droit à un paquet de consolation et à une table morne et froide. Une duchesse à un repas en tête-à-tête avec un de mes plus laids gardiens. Une princesse un diner sans chichi avec les autres. Vous avez droit à plus, mon respect profond et sincère... d'où cette tablée. "

Toute tentative serait ainsi vaine? Il refusait de le penser. Ce n'était pas une soumission qu'il imaginait en la voyant, mais une relation d'égal à égal. Que ce soit sur le plan spirituel, voire physique. Il l'invita à s'asseoir et la laissa s'installer, comme le voulait les us, avant de s'installer à son tour, sonnant une cloche, appelant les plats.

Alice se sentait un peu mal à l’aise. Elle n’avait pas l’habitude qu’on la traite si bien. Que Demetreius la respecte, soit. Cela, elle pouvait encore le comprendre. Entre tueurs expérimentés, on peut se respecter. Ce qu’elle ne comprenait pas, c’est pourquoi il faisait ça. Elle se contenta donc d’hocher la tête à sa réponse, ne sachant pas quoi faire de plus.

Le prévôt l’invita à s’asseoir, ce qu’elle fit. Sagement installée sur sa chaise, elle fixait Demetreius avec insistance. La table était petite, ils n’étaient pas très éloignés l’un de l’autre. Alice se demanda si c’était fait exprès…

Il fit sonner une petite clochette (c’était bien un noble, ça) et les plats arrivèrent. Ils étaient si bien présentés qu’Alice ne savait pas de quoi il s’agissait. Même l’odeur était indéfinissable tellement il y avait de mélanges. Pour elle qui avait l’habitude de manger des choses simples, c’était étrange. Mais qui sait, c’était peut-être mauvais, même si c’était beau à voir.

Le cuisinier leur servit un peu de tout et alla voir ailleurs s’il y était. Alice laissa au prévôt l’honneur de prendre la première bouchée…Au cas où il y aurait du poison dedans (parano un jour, parano toujours). Estimant que la nourriture paraissant sans danger, elle finit elle aussi par prendre une bouchée.

Etrange cuisine. Malgré tous les leurres, elle était presque sûre que ce qu’elle venait d’avaler était du bœuf…Un bœuf noyé sous une cascade de sauces et orné de petits elle-ne-savait-quoi pour faire joli.

" C’est plutôt bon… " finit-elle par admettre.

Elle recommença à regarder Demetreius. Alice était curieuse et méfiante.

" Mais pourquoi ce dîner ? Qu’est ce que vous attendez de moi exactement ? "

L'assassin doutait qu'il faisait ça pour lui faire découvrir la grande gastronomie. Les objectifs du prévôt n'étaient pas clairs pour Alice. Elle voulait savoir une fois pour toutes.

Si Demetreius avait su qu'elle n'avait pas l'habitude d'être si bien traité, il en aurait fait plus. Il ne concevait pas qu'une personne qui lui soit si semblable soit traitée comme une gueuse dans ce château. Ce n'était pas qu'une question de rang, c'était avant tout une affaire d'appréciation.

La table n'avait pas été choisie avec innocence, certes. Mais c'est vrai que le prévôt l'aurait vu plus grande. La proximité le mettait limite mal à l'aise et il hésita avant de s'asseoir, se retrouvant tout au plus à un mètre vingt ou un mètre trente d'elle. Les couverts étaient installés, ne manquait que le service.

Les plats arrivèrent. Pas d'entrée. Demetreius n'aimait pas cette coutume. On y buvait trop pour ce que l'on mangeait. Aux tablées royales, c'est à l'entrée que les radotages et les révélations commençaient. Et Demetreius voulait garder toute sa tête pour ce diner. Il n'était pas en face de n'importe qui. Il ne voulait pas risquer de la froisser ou de la provoquer. Chose qui arrivait lorsqu'il était ivre. Plus courament que son fond d'innocence ressortant des tréfonds de son âme, mais cela arrivait aussi. On les servit et Demetreius vit bien la façon qu'avait Alice d'observer le plat. Comme s'il était mauvais ou si c'était un piège. Allons donc. Rien à craindre. Il donna l'exemple en esquissant un léger sourire et en prenant la première bouchée.

" Bon appétit. "

Il sourit en coin en la voyant découvrir le plat. C'était bien du boeuf. Avec des sauces, oui. Et des épices, d'où les petits trucs pour faire joli. Elle restait clairement méfiante, même si elle finit par admettre que c'était bon. Demetreius ne répondit pas et lui fit signe, mangeant doucement, très raffiné par rapport au reste de la cour. Néanmoins la question qui la taraudait arriva, et le prévôt avait bien pressenti la chose. Mais pas si tôt, c'est vrai. Il posa ses couverts et joint ses mains, y posant son menton, la fixant d'un regard toujours aussi froid, mais aucunement agressif ou dédaigneux comme ça avait été le cas avant. Il ne pouvait simplement facilement arborer un autre regard.

" Et bien, damoiselle, pour être tout à fait franc, je... huhum ! Je vous ai trouvé remarquable et je me mentirais si je disais que vous n'avez laissé qu'indifférence ou mépris en moi, bien que je puisse comprendre que cela soit votre cas me concernant. "

Il marqua un temps de pose, se servant du vin.

" Je voulais me faire pardonner et vous montrer que vous avez une place particulière en moi. "

Il parut très gêné à ces paroles et, mal à l'aise, lui proposa du vin.

Demetreius servit un verre de vin à Alice. Pour autant il remarqua qu'une discussion sur la nature de leurs relations était désormais inévitable. Il n'en avait pas envie, mais il savait que c'était nécessaire et il s'y résigna sans grand intérêt. Pas que ça ne l'intéresse pas, mais les discussions sérieuses, les tête-à-tête formels et les absences de loisirs commençaient à le lasser de sa vie.

Il l'écouta donc lui pardonner, lui expliquer qu'elle ne le détestait pas, et surtout lui expliquer qu'elle ne voulait pas s'attacher à qui que ce soit et qu'il devait arrêter de l'adorer ainsi. Coup dur pour le fier prévôt qui serra les dents en détournant le regard. Lui qui avait l'habitude d'obtenir ce qu'il voulait, il s'était décidé à se lier à elle. Et il y arriverait, il y comptait, même quitte à patienter et à utiliser nombre de stratagèmes. Il l'aurait. Il détournait donc le regard, ayant au fond de ses yeux une marque de déception qu'il ne montra pas.

Il ne la regarda plus dans les yeux. Il ne savait plus trop à quoi se raccrocher. Néanmoins il arriva à articuler des phrases sensées pour lui répondre.

" Alice... Etre solitaire est une chose. Refuser d'avancer parce que ça implique de s'engager, en avoir peur, peur de son avenir, en est une autre. On ne peut vivre en esquivant tous les risques. Ce n'est pas vivre. "

Aucune déclaration en ces paroles, aucune chose explicite, mais une profonde insinuation de la part de l'homme le plus craint du royaume. Alice était belle, intelligente, et semblait être quelqu'un qui cachait une profonde détresse. Demetreius pouvait l'imaginer car c'est le rejet des siens qui avait fait de lui ce qu'il était.

Il ne pouvait qu'espérer que ces paroles fassent leur chemin en Alice et, sans la brusquer, lui fassent prendre conscience de leur véritable valeur.

Alice voyait bien qu’elle l’avait blessé. Même s’il s’efforçait de le cacher, le simple fait qu’il ne la regardait plus suffisait à deviner qu’il était déçu.
Elle avait la possibilité de coucher avec lui, si elle le désirait. Mais elle ne le ferait pas. Elle savait que Demetreius voulait plus que ça, qu’il désirait une chose qu’elle ne pouvait pas lui donner. Autant qu’il n’ait pas le moindre espoir dès maintenant. Sa réputation était en jeu elle aussi. Jamais personne ne l’avait touchée rien qu’en le demandant, à part le roi. Qu’elle ressente ou pas des choses pour lui, elle aurait refusée. Juste pour ça. La fierté, c’était sûrement son plus gros défaut.

Alice but une gorgée de vin, sans lâcher le prévôt des yeux. Elle se demandait s’il comptait s’accrocher à elle. Elle voyait bien qu’il essayait , par le biais de paroles bienveillantes. Et ses paroles étaient vraies, en partie. En partie, uniquement. Ce n’était pas seulement la peur qui l’empêchait de s’engager. Depuis la mort de son maître, elle ne ressentait plus grand-chose. Depuis la mort de son maître, elle était pourvue d’une insensibilité inquiétante. Alice avait la haine contre le monde. La joie, l’amour, tous ces bons sentiments s’étaient transformés en colère.

Alice était anéantie, mais elle ne voulait pas s’en sortir. Elle ne voulait pas pardonner. C’était sa haine qui la maintenait en vie, c’était grâce à cela qu’elle n’était pas morte en même temps que son maître. La jeune fille vivait pour répandre la mort. Elle avait un but, c’était tout ce qu’il comptait. Cela lui suffisait.

" Vivre? "

Alice eut un rire inquiétant.

" Cela fait longtemps que j'ai cessé de vivre, en un sens. Vous perdez votre temps avec moi. Je ne ressens plus rien. Et ça me convient très bien. "

Le blesser était un assez faible mot, surtout avec le chic qu'elle eut pour retourner le couteau dans la plaie. Il ne voulait pas coucher avec elle pour coucher avec elle, il voulait conquérir son coeur, aussi froid et stérile soit-il. Il avait toujours eu un penchant pour les paris fous, mais c'est bien la première fois qu'il en souffrait. La fierté d'Alice était compréhensible. Sans doute aurait-il fait pareil. Mais il n'était pas du genre à laisser la fierté des autres l'emporter sur sa détermination. Fierté ou pas fierté, elle la perdait en se soumettant jusqu'à la prostitution pour le Roi. Qu'avait-elle à perdre à se laisser aller à une épaule salvatrice, à une oreille sachant l'écouter et un coeur sachant lui répondre? Même les pires monstres ont un coeur. Aussi fou que cela pouvait paraître. Demetreius ignorait tout du passé de l'assassin, et ne pouvait imaginer d'où venait cette douleur et cette haine. Mais l'amour était indisociable de l'amour. Ce sont les deux passions antagonistes qui ne peuvent en aucun cas se dissocier.

Il voulait tant qu'elle arrête, ne serait-ce qu'une minute, comme lui en ce moment-même, de ne penser qu'à sa fierté, sa douleur, et qu'elle ouvre ses yeux. Avoir un but était quelque chose de vénérable. Mais il aurait préféré être ce but. Lorsqu'elle lui rétorqua qu'elle était morte depuis bien longtemps déjà avec un rire inquiétant, Demetreius lacha prise et cacha son visage dans ses mains. Il ne pleurait pas. Il cachait sa déception et son désarroi.

" Et moi pourtant je vois une charmante jeune femme, qui vit, comme je vis, et qui aurait besoin d'un nouveau repère, d'un nouveau départ. N'est-ce pas ce que tu es, Alice? "

Il la tutoya intentionellement. Il n'avait plus envie de la vouvoyer. Il était temps de passer à autre chose. La tutoyer était sa façon de lui montrer plus encore son attachement. Elle avait déjà compris ce qu'il voulait, il n'avait plus grand chose à perdre.

" Pourquoi ne pas me laisser essayer de devenir ce repère, ce perchoir pour te reposer? "

Demetreius semblait de plus en plus désespéré. Au grand soulagement d’Alice. Elle voulait bien lui faire comprendre qu’il n’avait pas la moindre chance avec elle. Et si pour cela elle devait le blesser, elle le ferait sans hésiter. De toute façon, il allait vite passer à autre chose.

La jeune fille crût qu’il n’allait plus insister. Elle se trompait. Et cette fois, il y allait franco, il ne faisait plus de sous entendus et exprima clairement ce qu’il voulait. Ce qui n’était pas au goût de l’assassin.

Alice se leva de sa chaise, rouge de colère. Il utilisait sa souffrance pour l’avoir. Pour qui se prenait-il ? Il croyait pouvoir la sauver ? Pendant combien de temps il allait encore lui courir après ?

" Ne faites pas comme si vous savez tout de moi ! Pour qui vous vous prenez ?! Je n’ai pas besoin d’être sauvée, vous entendez ?! Je n’ai pas besoin de vous, je n’ai besoin de personne, mettez-vous ça dans le crâne !! "

Bouillonnante de rage, elle se dirigea vers la porte à grands pas. Faute de quoi, elle sentait qu’elle allait devoir l’étrangler pour le faire taire.

" Merci pour le repas ! " grogna t-elle en guise d’au revoir. Enfin pour elle, c’était plutôt un adieu.

Alice se rendait compte que sa colère l’avait menée trop loin. Il n’y avait plus qu’à espérer qu’il la laisse tranquille plutôt que de chercher à se venger…

Le prévôt fut dépité. Voilà, il avait réussi à tout détruire une fois de plus. Sa spécialité. L'assassin qu'il chérissait temps s'empourprait. De colère. Elle se leva et fulmina de rage contre lui, en lui criant qu'elle n'avait besoin de personne et que jamais il ne l'aurait, sous-entendant probablement d'ailleurs qu'elle ne voulait même plus le voir. La salle à manger se vida de sa présence la plus embaumatrice. Le prévôt se retrouva seul, observant son verre avec une mine terne et maussade. Oui, il était un monstre. Mais chacun de ses crimes, il les rachetait auprès du Seigneur même. Aucun de ses viols ne menaient à quoique ce soit. C'étaient toutes des hérétiques, des criminelles. Etait-ce aujourd'hui lui, le criminel, que de penser à s'unir à quelqu'un?

Un serf arriva avec les plats suivants. Le jeune homme se pencha et observa la place vide. Demetreius attrapa sa nuque d'une main. Il y eut un craquement sinistre. Le plat tomba avec son porteur. Le prévôt appela la garde et ordonna aux deux premiers gardes antrés de nettoyer. Les soldats s'exécutèrent sans la moindre joie, et Demetreius regagna ses appartements, plus seul que jamais. Il ne faisait pas une croix sur elle. Etrangement il ne pensait même pas à l'éliminer. Il voulait conquérir son coeur. Il y arriverait. Quitte à y passer le reste de sa morne existence.

Topic clos