Embuscade [PV]

Crépuscule. Il était temps pour Alice d’aller travailler. Le temps qu’elle arrive à destination, il fera déjà nuit, autant partir le plus tôt possible. Elle portait sa tenue d’assassinat ; une tenue en cuir, très moulante pour ne pas gêner ses mouvements. Pour rester discrète, elle s’était vêtue d’une cape qui cachait son corps et surtout son visage. L’assassin avançait d’un pas rapide et furtif. Elle était toujours en colère depuis hier soir, à cause de Demetreius. Tuer quelques personnes allaient peut-être la calmer.

Mais bizarrement, elle ne se sentait pas à l’aise, comme si elle était suivie. Elle se retourna plusieurs fois, mais elle ne voyait personne. Peut-être qu’elle faisait encore de la paranoïa…
Elle continua son chemin jusqu’au pont. C’était un long pont de corde assez large. Alice le prenait souvent pour aller en ville. Elle regarda une dernière fois derrière elle et s’y engagea

Vers le milieu du pont, Alice stoppa net. A la fin du pont, cinq hommes étaient sortit des buissons. C’étaient des gardes, de Cladius probablement. Ils prirent le pont, s’avançant vers Alice et lui bloquaient le passage par la même occasion.
La jeune fille blêmit. Quelqu’un l’avait-il dénoncée ? Elle regarda derrière elle et vit cinq autres gardes bloquer la sortie. Bloquée…

Alice ne bougea pas. Deux téméraire devancèrent les autres pour la pourfendre avec leurs épées. D’un geste, l’assassin enleva sa cape et les aveugla en leur la jetant à la figure. Embrouillées, Alice n’eut qu’à les éjecter d’un coup de pied en dehors du pont, dans le vide sans fin.

La jeune fille sortit sa dague et lança un regard froid aux gardes. Ayant peur à nouveau de se faire avoir, ils se jetèrent sur elle en même temps. Alice sortit une petite fiole et la balança sur le sol, devant un des groupes de gardes. La fiole se cassa et répandit une brume jaunâtre. Les gardes les plus proches furent aveuglés, les autres reculèrent pour éviter la poudre. Alice poussa les aveugles dans le ravin, en égorgea deux alors qu’ils bondissaient sur elle. Leurs armures étaient lourdes, et Alice était bien plus rapide qu’eux. Elle ne mit pas longtemps à tuer tous les gardes.

Alors qu’elle achevait le dernier, elle entendit un sifflement dans l’air. L’assassin regarda en l’air et vit une quinzaine de flèches fondre sur elle. Trop nombreuse pour qu’elle les évite ! La seule chose qu’elle pu faire, c’était de se protéger la tête avec son bras et d’essayer d’en éviter un maximum.
Malgré tout, elle en reçut trois : une à la cuisse gauche, une à l’épaule droite et une dans les côtes. Elle poussa un cri de douleur et s’effondra à genoux, crachant un peu de sang. Les archers n’ayant plus de flèches, ils se mirent à saboter le pont.

* Non… * pensa Alice, désespérée.

Elle serra les dents et, malgré la douleur, elle se releva pour courir vers les gardes. Mais la flèche enfoncée dans sa jambe la faisait horriblement boiter. Alice savait qu’elle n’y arriverait pas à temps. Mais elle continuait de courir. Elle ne voulait pas mourir.

La première corde céda. Alice se cramponna à la corde restante, le pont se déroba sous ses pieds. Elle essaya de s’accrocher avec ses deux mains, mais son épaule la faisait trop souffrir. Alice du donc tenir la corde à une main. Elle sentit ses articulations se déboîter, sa main et ses plaies saigner, mais elle refusait de lâcher. Alice voulait vivre. Mais elle sentait que cette fois, c’était fini pour elle...Et elle ne pu que regarder le garde commencer à couper la dernière corde, sans pouvoir agir.

Demetreius avait prit le chemin du pont dès qu'il avait reçu l'information. La belle Alice Meister était en déplacement. Elle allait passer par ce pont obligatoirement. Portant encore son armure après l'arrestation d'un meunier profâne, il s'était élancé dans la forêt pour pouvoir l'apperçevoir, au moins une seconde, caché derrière un fourré. Il voulait la voir. L'admirer. Sentir son coeur insensible s'élancer dans sa poitrine, quitte à le faire pour la dernière fois. Il avait courru tout le long du chemin. Arrivant à proximité du pont, il se glissa dans les fourrés et rampa jusqu'à passer le dernier virage de la voie. D'ici, il aurait un bon point de vue. Mais il entendit des rires venant du pont. Des hommes riant d'une quelconque victoire. Que se passait-il là-bas? Il se mit à genoux et observa au-dessus de la végétation. Six hommes. Des archers. Des Cladius. Ici ! Deux découpaient le pont, quatre faisaient le guet. Mais pourquoi? Il comprit soudain. Où était Alice? Elle devait passer vers cette heure-ci. Il comprit qu'ils étaient en tran de saboter le pont pour la faire tomber. Et ça, il ne le permettrait pas. Sa présence allait faire tache, mais il s'en fichait. Il s'agissait de la vie de la seule personne lui ayant inspiré autre chose que du mépris.

Il se leva, un regard noir sur le visage. Il commença à sortir des fourrés pour s'approcher à pas tranquille des six hommes. Les quatre surveillant le chemin le remarquèrent vite, et un d'eux sortit sa dague avant de s'avancer vers lui.

" Navré Monseigneur, mais vous ne pouvez aller plus l... "

Il n'eut le temps d'en rajouter. Demetreius accéléra soudain le pas. En une poignée de seconde, le prevôt asséna un violent coup de poing dans le ventre de l'archer. Les griffes acérées de son gantelet arrachèrent le tissu de sa tunique et ouvrirent trois larges plaies dans son ventre, que l'homme prit plaisir à allonger lentement. Le jeune Cladius agonisa, avant que le prévôt Sadimus, dans un sourire terrifiant, ne tourne le poignet. Les griffes ouvrirent le ventre du jeune qui, dans un sursaut, se vida de ses tripes. Le terrible maître de la garde Sadimus le relacha et observa les autres.

" Diantre ! Occupez-vous de ce malade, les gars ! "

Les trois surveillants sortirent leurs dagues et un des deux s'occupant du pont les rejoignit. C'est à ce moment-là que la première corde lacha. Demetreius les regarda, les yeux comme enflammés, son avant-bras droit entièrement souillé du sang de sa victime. Il était défiguré par la haine et sortit sa lourde épée lentement pendant que les jeunes approchaient, indécis.

" Vous ne savez pas à QUI vous vous adressez !! "

Un des archers avança, dague en avant. Le prévôt le laissa la lui planter dans son épaule, la lame passa entre son épaulette et son tronc d'armure, et se coinça dans la cote de mailles en n'entrant que d'un centimètre dans l'épaule. L'épée siffla. Les jambes du jeune imbécile se firent trancher, et le tronc ridicule s'écroula dans un pitoyable râle à terre. Le prévôt retira la dague et planta son épée dans le plexus de l'homme à terre, avant d'accueillir les autres, poings parés. Le premier se fit attraper par le col. Tiré vers le bas, il s'écrasa sur la genouillère à pointes de Demetreius. Eliminé. Le suivant put lui faire une profonde entaille en se servant de la plaie déjà faite dans l'épaule et provoqua un léger saignement. Il n'eut pas le temps de compendre que son visage était écrasé par un poing féroce. Le troisième rata son coup. Erreur fatale. La dague de son camarade se planta dans son ventre et le prévôt l'entailla du nombril au plexus, faisant sortir ses tripes qui s'étalèrent au sol.

Au dernier. Il allait finir lorsqu'une main lui agrippa l'épaule. Il se retourna et pointa sa dague sur la gorge du prévôt. La lame s'arrêta lorsque son poignet fut saisie.

" Au nom du Seigneur, ayez pitié, Messire, je ne suis qu'un infâme pécheur. "

Le jeune homme était terrifié. Le prévôt sourit et, de sa main libre, fit un signe peu connu de l'époque, l'index et l'auriculaire pointés, les autre ramenés dans la paume.

" Au nom de mon Seigneur, tu n'es qu'une lopette et une salope. Et en mon nom... "

Sa main passa au manche de son épée, qui d'un coup sec passa du ventre du cadavre à celui du jeune Cladius encore en vie.

" ... tu mérites la mort et le purgatoire éternel pour avoir osé toucher à ce que j'aime le plus en ce monde stupide !!! "

Un coup de pied. Un choc. Le corps qui glissa le long de la lame et fila dans le vide rejoindre des comparses. Une fin digne de lui. Il fallait maintenant s'occuper d'Alice. Demetreius calma sa rage et observa la tueuse. Il eut une expression terrifiée. Elle avait trois flèches fichées dans son corps magnifique. Il ne réfléchit pas. En un éclair, il se précipita sur lea mince lame de bois praticable et alla récupérer la blessée.

" Et après vous n'avez besoin de rien ni personne. Par les Saints et les soubrettes, êtes-vous inconsciente? "

Il l'attrapa par le poignet et la souleva, la prenant dans son bras droit fermement. Il revint lentement à la terre ferme. lorsqu'ils touchèrent terre, la corde craqua, et le pont s'effondra.

Demetreius amena Alice à un coin d'herbe verte sous un chêne. Il fallait lui retirer les flèches. Et vite. Il se mit à l'ouvrage, avec la boule au ventre, et retira une à une les flèches plantées en elle. Heureusement, pas très profondément. Il les jeta au loin et prit la main d'Alice dans la sienne. Il était terrifié pour elle. Jamais il n'avait connu ça pour quelqu'un.

" Alice, je vous en prie, restez parmi les vivants... "

Au moment où le garde allait trancher la corde qui la reliait à la vie, Alice entendit quelque chose qui ressemblait à une attaque. Le bruit détourna aussi l’attention de tout les gardes et la corde ne fut pas coupée, du moins pour l’instant. Se tenant toujours à la corde, malgré sa main qui saignait à cause des cordages rugueux et de ses articulations qui s’étiraient sous son poids plus de ce qui était supportable. Elle leva la tête pour voir la source de toute cette agitation. Ses yeux s’agrandirent de surprise. Demetreius ?

Sans doute qu’elle ne pouvait pas imaginer pire scénario. Le garçon qu’elle avait envoyé balader venait la sauver. Si elle était en état de réfléchir, peut-être qu’elle se serait laissée tomber dans le vide plutôt que de subir cette humiliation. Mais la douleur l’empêchait de penser convenablement.

Heureusement, Demetreius la sauva à temps. Elle l’entendait lui parler, la traiter d’inconsciente. Son humiliation fut telle qu’elle ne trouva rien à répondre. Elle le laissa la porter. De toute façon, elle ne pouvait pas lutter. Ses deux bras lui faisaient mal et elle tremblait comme une feuille à cause de la douleur. Il était temps. Le pont s’effondra après leur passage.

Le prévôt l’installa par terre. Alice se sentait de plus en plus mal. Peut-être à cause du sang qu’elle perdait, de l’humiliation qu’elle éprouvait, ou à cause du métal planté dans sa chair. Elle ne savait pas. L’assassin se demanda si elle allait mourir…
Alice vit Demetreius toucher l’une des flèches. En sachant ce qu’il allait faire, elle serra les dents et s’agrippa à l’herbe. Mais elle ne pu s’empêcher de crier chaque fois qu’il retirait une flèche. Cependant, elle ne s’attendait pas que le prévôt lui prenne la main pour la supplier de ne pas mourir…

De toute façon, elle ne pouvait pas retirer sa main. Son épaule lui faisait trop mal. D’ailleurs, elle avait mal partout. Avec son autre main, sanglante, mais en état de bouger, elle toucha sa blessure à la côte.

" ça va…Je n’ai pas d’organes vitaux touchés…Je crois… " dit-elle d’une voix faible.

Même parler la faisait souffrir. Elle n’avait vraiment pas de chance ces temps ci. Alice regarda le prévôt, même si sa vision était un peu troublée.

" Pourquoi vous...Avez fait ça? Alors que je vous ai dit que je ne voulais pas de vous? "

Le moment était peut-être mal choisit pour poser cette question. Mais elle voulait savoir. Surement qu'il s'attendait à ce qu'elle rembourse sa dette, histoire de l'humilier encore plus. En tout cas, c'est ce qu'elle pensait.

Chaque cri de douleur, chaque mouvement de plainte, chaque tremblement du corps d'Alice avait en Demetreius un impact fort. A chaque fois, il avait mal au ventre et frissonnait, de peur qu'elle ne défaille, ne perde conscience, n'abandonne. Nul ne pouvait les aider, ici. C'était loin de la ville. Il ne pouvait qu'espérer qu'elle n'avait rien de grave. C'est bizarre mais lorsqu'elle lui affirma que ça allait il ne fut quand même pas rassuré. Quoi? Elle allait bien, il pouvait la laisser. Mais il ne le pouvait pas. Il le voulait mais ne le pouvait pas. Il n'avait qu'à lacher sa main et faire " très bien, levez-vous ". Mais il ne le pouvait pas. Et il finit par s'y faire. Bien qu'il ne sente pas la peau d'Alice sous sa cote de mailles, il commençait à tenter d'imaginer ce que ça pouvait être. Il n'avait jamais usé d'une telle fureur, jamais il n'avait sollicité la puissance de son Maître et seigneur pour une bande de larbins. Alors aujourd'hui... il savait où il en était. A y penser, il n'avait ni chaud ni froid. Mais il savait que c'était vrai. Cela tombait bien car Alice finit par lui demander pourquoi il avait fait ça. Le prévôt tourna son regard vers elle. Elle était ravissante même face à la mort. Le soleil qui se couchait innondait le ciel et la terre d'une lumière orangée qui rendait les environs presque irréels. Il y eut un bruissement intérieur en lui. Et un craquement. Et un souffle qui forma un mot, puis une phrase.

" Parce que nulle autre ne m'a jamais fait me sentir ainsi. Je vous ai sauvé pour la même raison que j'ai voulu vous observer sur le chemin. Parce que vous soulevez en moi des sentiments uniques. Parce que je... "

Il hésita. Elle avait bien dit qu'elle ne voulait pas de lui. Pourquoi l'énerver plus encore, alors qu'elle était si faible? Mais l'emportéeétait irrésistible. L'envie était opressante, les sentiments surgissants omniprésents. Il risquait d'y perdre son image, mais il s'en fichait. Il finit par délier sa langue et prononça d'une voix douce et sincère.

" Parce que je t'aime, Alice. "

Il se raidit, s'attendant à la contre-attaque qui lui serait insupportable. Au moins serait-il trainé dans la merde en ayant accompli une chose dans sa vie : sauver celle qu'il aimait d'une mort certaine. Ce n'était pas le hasard qui l'avait conduit là. Partisan de Dieu ou de Satan, tous étaient d'accord sur ces idées. Alice était sa finalité. Celle pour qui il mourrait.

Alice ne s’attendait pas à tant d’aveux. Lui dire qu’il tenait à elle est une chose, lui dire qu’il l’aime en est une autre. En entendant ce mot, Alice rougit malgré elle et elle sentit son cœur battre plus vite. Je t’aime. Le seul être qui lui avait dit cette phrase était son maître. Bien sûr ce n’était pas le même amour. Elle l’avait aimé comme un frère, et réciproquement. Mais entendre ces mots venant de la bouche d’une autre personne la déstabilisait.

Elle détourna son regard, soudainement intéressée par l’arbre un peu plus loin. L’assassin rougit malgré elle. Cette déclaration la gênait horriblement, et elle ne comprenait toujours pas pourquoi il l’avait sauvée. Pour sa part, si quelqu’un repoussait ses avances, elle le laisserait crever. Mais il ne semblait pas penser comme elle.

Alice le sentait tendu. Il devait s’attendre à ce qu’elle le repousse violement. En temps normal, c’est ce qu’elle aurait fait. Mais les circonstances étaient telles que sa morale l’empêchait de faire quelque chose d’aussi cruel. Il lui avait sauvé la vie après tout, et comme elle avait le sens de l’honneur, elle se sentait redevable envers lui.

Mais la jeune fille se sentait incapable de répondre aux sentiments de Demetreius. Maintenant, elle l’appréciait, et elle ne pensait pas que ses sentiments allaient plus loin. Elle l’espérait du moins. Mais la moindre des choses, c’était d’être gentille avec lui

Alice osa à nouveau le regarder dans les yeux. Mais elle n’osa pas le repousser. Elle décida donc de ne pas lui répondre pour le moment. Cependant, il y avait toujours un truc qui la chiffonait.

" Je ne comprends pas…Comment peux-tu m’aimer, après ce que je t’ai fait hier soir ? "

Elle s’était décidée à le tutoyer, comme il le faisait avec elle. Mais elle se sentait bizarre. Peut-être à cause de ses blessures. La jeune fille était peut-être plus touchée qu’elle ne le pensait…Bien que la nuit était chaude, elle se sentait glacée, et du sang continuait à sortir de sa bouche.

Alice rougit. Un espoir? Elle détournait les yeux et rougissait. Un signe de gêne. Apparement, ils étaient tous les deux aussi déstabilisés par la situation. Jamais Demetreius n'aurait pensé en arriver là un jour. Avouer de tels sentiments, c'était mettre en danger les sentiments de haine dont il avait besoin pour servir son Maître. Mais il y avait une autre règle tout autant chrétienne progressiste que païenne qui disait " Fais ce que tu voudras ", règle soumise à la condition de ne pas nuire aux siens. Il fallait voir le problème. Il ne blessait aucun des siens en faisant cela, mais faillirait-il à son devoir après cela?

Il oublia tous ces soucis de carrière dès qu'elle le regarda à nouveau. Il y avait une forte opposition entre eux : contrairement à Alice, Demetreius était plus attiré lorsqu'il la regardait. Il ne fallait pas qu'elle soit amicale uniquement par redevance. Demetreius finirait par le voir et il n'en voulait pas. Pas pour elle. Elle lui demanda pourquoi il l'aimait après ce qu'elle avait fait hier soir. Le prévôt la regarda dans les yeux et eut un sourire.

" Tu m'as tenu tête. La seule personne à m'avoir tenu tête jusque là, c'était mon mentor. Tu es différente, tu as ton caractère, ta façon d'être, et de plus tu es une femme... magnifique. "

Il ravala sa salive après ces paroles. Toujours la gêne quand il s'étendait, néanmoins ce sentiment avait tendance à s'effacer peu à peu.

" Je ne te demande pas de m'aimer. "

Il vit le sang continuer à couler de sa bouche. Il arrêta de la regarder pour observer sa blessure aux cotes, retirant la main que l'assassin avait posée dessus. Il fut effaré de voir que la pointe de la flèche était restée. Trop profonde. Impossible à retirer.

" Il faut te soigner. Lève-toi ! Mon cheval n'est pas loin. Nous irons à l'église où les moines de passage pourrons te soigner en secret. Prend ma main ! "

Il lui tendit la main. Il lui fallait faire des efforts et tenir. Il pouvait la porter, mais pas trop longtemps à cause de son amure. Et surtout, il falalit faire au plus vite.

Alice, qui se demandait ce qu’il pouvait lui trouver, le su enfin. Il lui parla avec le sourire, un vrai sourire, beau et sincère. Alice le lui rendit malgré elle, même si le sien était plus timide. Cet homme là ne la complimentait pas pour obtenir quelque chose d’elle. Il disait juste ce qu’il pensait, et il l’aimait comme elle était. Même si il ne connaissait pas les facettes les plus sombres de sa personnalité, elle avait l’impression que ça ne changeait rien. Elle qui avait l’habitude de mépriser les bons sentiments, la voilà qui se retrouvait un peu émue devant cet amour si sincère. Mais que diable lui arrivait-il ?

Malheureusement, elle ne pouvait lui offrir ce qu’il lui demandait. Par fierté, déjà, et que son métier exigeait tout son sang froid et toute sa haine. En aucun cas elle ne pouvait se permettre d’être sentimentale. Cependant, elle avait maintenant beaucoup de considération pour lui, parce qu’il ne la força pas à partager ses sentiments. Même si elle n’en avait que faire de l’amour, c’était toujours agréable de savoir qu’on pouvait compter sur quelqu’un.

En effet, sa blessure était plus grave qu’elle ne le paraissait. Elle fut reconnaissante au prévôt de l’aider à garder secret son embuscade pour ne pas salir sa réputation. Alice prit la main du prévôt et se releva, non sans se crisper sous la douleur. Sa blessure à la jambe la faisait boiter, mais elle faisait du mieux qu’elle pouvait. Si elle voulait survivre, il fallait qu’elle marche.

Alice lui rendait au moins son sourire. Elle aussi semblait lutter contre des principes allant à l'encontre de l'amour. Et pourtant elle comme lui ne purrent se défaire de leurs regards un petit moment. Avant que Demetreius la fasse se lever, pour l'amener vers sa monture. Il la soulevait presque. Alice ne posait que la pointe de ses pieds au sol. La prévôt, inquiet pour elle, marchait rapidement sur le chemin, son précieux " chargement " sur l'épaule. Il refit le chemin qui l'avait mené jusqu'à elle, et bientôt, il arriva en vue du destrier qui l'accueillit d'un hénissement. Le prévôt, lui caressa la tête et derrière les oreilles, fit monter Alice sur la selle à la force de ses bras, épuisé. Puis, éreinté, il se sépara de sa cuirasse ensanglanté. Pièce après pièce, l'armure de fer alla toucher terre. Et le prévôt se retrouva en vêtements simples. Un léger vêtement à manches longues, un pantalon fin et des bottes de tissu.

Il grimpa alors à dos de cheval et se positionna derrière Alice. Attrapant la bride, il claqua et lança le cheval, qui s'en alla au trot. La course aurait achevé Alice. Alice... Tenant la bride fermement à une main, il posa sa main gauche libre sur le ventre de la jeune femme, l'enlaçant avec délicatesse. Il la prit contre lui et posa sa tête sur son épaule, observant toujours d'un regard déterminé le chemin. Ils ne devaient pas rater l'église. Elle était, heureusement, en retrait du village, sur une colline. Nul ne les verrait. Ainsi contre sa bien-aimée, il pourrait faire tout et n'importe quoi. Il sentait une force étrange affluer en lui.

" Nous y serons bientôt, Alice, tiens bon ! Reste avec moi ! "